La vie est ailleurs

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La vie est ailleurs Details

Nouvelle édition revue par l'auteur [1987]

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Milan Kundera / La vie est ailleurs/Prix Médicis étranger 1973 Tout d??abord, explication du titre : il faut se rappeler qu??en 1968, les étudiants de la Sorbonne avaient écrit sur les murs : « La vie est ailleurs ». En réponse au constat de Rimbaud dans « Une saison en enfer » : La vraie vie est absente. » La poésie est le leitmotiv de ce roman, de l??enfance de Jaromil à son adolescence. Une adolescence qui ressemble en tout point à une épopée lyrique et ironique allant à l??encontre des valeurs taboues que sont l??enfance, la maternité, la révolution et même la poésie. Jaromil est un vrai poète, mais un poète un peu ridicule et maladroit. Il se dit être Rimbaud ou Lermontov, pris dans la révolution communiste dans son pays, la Tchécoslovaquie. De trochées en ïambes et dactyles pour des distiques élégiaques, Jaromil étonne son entourage. Après avoir goûté à la peinture et au dessin, il s??adonne totalement et exclusivement à la poésie sous l???il vigilant et possessif de sa mère, une mère qui sacrifie tout pour son fils. Curieusement, Jaromil a la nostalgie des vers qu??il n??a pas encore écrits ; de ceux qu??il a déjà écrits il se souvient avec délectation comme on se souvient des femmes. Adolescent il a bien du mal avec les filles puis les femmes : quelques scènes sont assez cocasses qui le montrent emprunté et timide, volontaire mais hésitant. Il en vient même en forme d??exutoire à s??imaginer un double de lui-même, Xavier, qui vit une vie aventureuse et rêveuse. Plus tard, engagé politiquement, il évolue dans un pays, la Bohème, qui considère l??art moderne comme la manifestation monstrueuse de la décadence bourgeoise. Jaromil se demande s??il doit trahir l??art moderne ou bien la révolution dont il se réclame. Comme Rimbaud, il veut être moderne, choquer, surprendre. Quand il fait le point, Jaromil voit derrière lui s??étendre le monde clos de son enfance, et devant lui le monde des actes, un monde étranger qu??il redoute et auquel il aspire désespérément. « Ce tableau exprime la situation fondamentale de l??immaturité et le lyrisme poétique est une tentative de faire face à cette situation ; l??homme expulsé de l??enclos protecteur de l??enfance désire entrer dans le monde, mais en même temps, parce qu??il en a peur, il façonne à partir de ses propres vers un monde artificiel et de remplacement. » ? mesure que Jaromil mûrit, sa mère veut se déployer autour de lui comme une étreinte éthérée ; elle épouse ses opinions, elle admire l??art moderne, elle se réclame du communisme, elle a foi dans la gloire de son fils. Jaromil est d??emblée ridicule, enfant couvé par sa mère et il apparaît au début comme une caricature du poète, mais seulement pendant un temps. Au fil des chapitres, on voit Jaromil montrer un réel talent. La gloire de Jaromil sera éphémère car le destin est cruel. C??est dans une écriture simple et dépouillée que Milan Kundera nous fait vivre un personnage étrange difficile à cerner quelque peu factice toutefois souvent subversif, dans une Tchécoslovaquie en plein bouleversement politique. Il n??est pas douteux que ce roman comme toute l???uvre de Kundera est une dénonciation virulente du stalinisme. Il faut avouer qu??il est parfois un peu difficile de suivre les voies de ce roman. On a affaire à un personnage central peu sympathique, égocentrique, peu intelligent dont les actions et réactions déconcertent le plus souvent. Il semble finalement que la poésie n??est pour lui qu??une posture. Ce roman pourrait bien être une satire de la poésie. Un livre à lire pour mieux connaître Kundera, mais j??avais préféré « L ??insoutenable légèreté de l??être », plus consistant, plus prenant.

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